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Je vais vous présenter l'histoire d'une flying machine, une parmi tant d'autres, construite par un illustre inconnu. Nous sommes au XIXe siècle, depuis toujours l'homme rêve de voler. Des concours régionaux promettent de rondelettes sommes à celui qui parviendra à parcourir une distance en s'élevant du sol. Des milliers de machines toutes plus loufoques les unes que les autres,  ont été construites dans l'ombre des ateliers, quelques unes ont abouti, mais toutes restaient clouées au sol. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour conquérir le ciel.


 Honoré Dartiguenave 1834-1905

Honoré Dartiguenave est né à Béziers en 1834. Apprenti dès l'âge de 12 ans comme maréchal ferrant, il exerça ce métier jusqu'à ses 17ans. Il s'oriente par la suite dans la ferronerie d'art.
Il accomplit le tour de France du compagnonnage puis 5 ans de service militaire. A 26 ans, il monte à Paris et fréquente les ateliers Gustave Eiffel. La maitrise de la forge et des aciers n'a plus de secret pour lui.

En 1864, Honoré Dartiguenave crée son entreprise et travaille comme artiste ferronier dans le bas faubourg de la ville de Béziers.

Cet artiste aime dessiner et  griffone des plans d'engins volants en s'inspirant de la géométrie des oiseaux. Il est fasciné par les nuages, depuis l'enfance son rêve le plus cher est de voler... A cette époque, l'homme n'a pas encore volé, tout reste à découvrir. Honoré  est un rêveur et n'a aucune notion scientifique, il passe même auprès de ses proches pour un original. Il entreprit alors un projet fou, la construction d'un aéronef capable de transporter des passagers.

En 1874, âgé de 40 ans, Honoré imagine un énorme aéronef, catapulté par un gros caoutchouc. L'engin muni d'une grosse vrille à l'avant se visserait dans les nuages et pourrait ainsi naviguer au gré des vents. Honoré  imagine déjà transporter la haute bourgeoisie viticole de Béziers, pour des ballades le long du littoral, de Valras à Agde. La Vis à Nuage était née.

Honoré  avait longuement observé les gabians qui volaient les jours de tramontane, le long de la falaise de la place de la cathédrale St Nazaire à Béziers. Pour lui c'était le lieu idéal pour faire décoller sa machine.

Un moteur à vapeur actionnait la vrille, mais point d'helice motrice, l'engin n'était fait que pour planer. Les commandes de vol, déflecteur d'altitude et de cap sont également actionnés par le moteur à vapeur.
Une génératrice de courant  alimente l'éclairage, il s'imaginait déjà voler la nuit.
La structure du fuselage et des ailes est en fer puddlé provenant des forges et usines de Pompey Fould-Dupont. Le cuivre  de  la Vis a été extrait de la mine  de Pioch Farrus à Cabrières au pied du Pic du Vissou. (Hérault)
L'entoilage est en draps londrins seconds provenant de la Manufacture Royale de Villeneuvette (Hérault).
Le profil MS535 équipant la Vis à Nuage a été étudié par Gustave Eiffel lui même, qui conçu pour l'occasion son prototype de soufflerie.
L'aéronef a une envergure de 38m, longueur 18m, masse 36 tonnes.

La construction ne durera que 1 an! Honoré délaisse complètement son entreprise et pert toute sa clientèle. En 1875 la Vis à Nuage est terminée, toutes ses économies y sont passées.

07 Mars 1875, jour de l'inauguration, la foule s'active sur le parvis de la cathédrale. La vis à Nuage domine le vide, le caoutchouc planté 200m plus bas sur les rives de l'Orb est tendu au maximum. La chaudière monte en degré et rougit. Honoré veut essayer la vrille devant un public ébahi. Celle-ci est enclenchée et là le drame se produit. La spirale de cuivre se désolidarise de son axe, d'énormes vibrations pulvérisent toute la partie avant de la Vis à Nuage, le feu se propage sur les boiseries, heureusement les pompiers l'éteignent rapidement. Toute la structure metallique est déformée, Honoré n'eu pas le courage, ni les moyens de continuer le projet.

La vis à nuage n'a donc jamais volé, l'engin fut démonté pour récupérer les matériaux, l'acier revendu au poids et le bois n'ayant pas brûlé vendu aux tonneliers.
Ruiné, en 1880 Honoré Dartiguenave ferma son entreprise et travailla comme chef de chantier sur le viaduc de Garabit dans le Cantal, célèbre ouvrage ferroviaire qui permet la liaison de Béziers à Neussargues.

La maquette est construite en m'inspirant de rares lithographies d'époque, photos et du 3 vues conservés dans les archives du Musée du Biterrois.


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Le cyanotype du plan de la Vis à Nuage (blueprint)


 Un montage avec le Viaduc de Garabit, pour rendre hommage à Honoré Dartiguenave créateur de la Vis à Nuage.

 

Vidéo de La Vis à Nuage
Présentation et  Vols (Mise à jour 11 Mai 1875)


 


 Les plans sont disponibles ICI
Imprimés sur 3 grandes feuilles à l'échelle de la construction.


 Aperçu des plans - Clic pour Agrandir

 

 
27 Décembre 1873

Les moyeux sont cerclés d'anneaux découpés dans du tube acier. Les jantes et rais sont découpés dans du red cedar. Des perçages à 3.2mm recevront les tourillons d'assemblage de 3mm


 Les rais sont montés sur le moyeu et l'ensemble est calibré à la ponceuse


Collage et serrage avec une corde


  02 Janvier 1874

Le bandage est découpé dans de la tôle d'acier de 0.6mm. Une bande correspondant à la longueur de la circonférence est mesurée à froid, puis passée au four à 250°, la dilatation est de 2mm. Le cerclage pourra donc se rétracter d'environ 0.6mm de diamètre. Une rainure d'un diamètre inférieur de 0.6mm aux roues est fraisée dans une CTP de 15. Le cerclage est ajusté dans la rainure, entures faites à la lime aux extrémités, puis brasé à l'argent. La précision est de rigueur, à froid le cerclage ne passe donc pas autour de la roue. Le bandage est passé 10mn au four, là il faut aller vite, on le sort et miracle il passe pile autour de la roue. En refroidissant il comprime fortement toute la roue. l'ensemble semble extrêmement solide, on verra si cela tient aux atterrissages, il faudra de toute façon mettre une bonne suspension.


 L'acier est bruni au Klever

Passons maintenant au "nez" du planeur. Celui-ci est formé dans de la tôle d'acier de 0.6mm. Le bombé se fait facilement par étirement du métal en s'aidant d'une forme creusé dans du bois.


   05 Janvier 1874

Les bords sont moins évidents à former, le dévellopé étant plus long il faut "tasser" le métal (le retreint) en donnant les coups de marteau vers l'intérieur.

 

Une Vis a Nuage® (brevet déposé en 1863) est actionnée par un moteur à vapeur. Le principe est de s'accrocher avec cette vis dans le nuage et de voyager de cumulus en cumulus. 7 disques en cuivre  sont brasés à l'argent entre eux. Ils sont mis en forme au fur et à mesure sur l'arbre en tube laiton de 5mm.


   08 Janvier 1874


La spirale est brasée à l'étain sur l'arbre.

 

Des ornements en laiton seront brasés sur la cheminée. Ils sont découpés à l'acide, c'est une première expérience. Le motif en vinyl autocollant est découpé à la CraftRobo.


  11 Janvier 1874

La plaque est plongée dans un mélange de 3 parts d'eau + 1 part d'acide chlorhydrique + 1/2 part d'eau oxygénée. Ce sont des produits que l'on trouve facilement dans les magasins de bricolage. L'oxydation ronge le métal en épargnant les zones protégées par le vinyl. Il faut environ 2h pour dissoudre du laiton de 0.2mm. A sa sortie la plaque est rincée à l'eau et plongée dans de la soude pour bien neutraliser l'action de l'acide.

Essais avec le motif vinyl collé sur les 2 faces. Sur le 1er les motifs n'étaient pas parfaitement face à face, résultat: un petit chanfrein décalé sur le chant du laiton. Le 2eme est mieux, mais je n'ai pas osé le laisser assez longtemps, résultat: le chant manque de netteté. Le 3eme, motif que d'un côté et masquage complet de l'autre, meilleur résultat.

 

La cheminée en tôle d'acier de 0.6mm, roulée sur un gabarit fait avec 2 rondelles de CTP. Le joint est brasé à l'argent.

Les faces arrières des ornements en laiton sont étamées à l'étain. Ils sont appliqués sur la cheminée avec une bonne couche de pâte Hampton. En chauffant doucement l'acier au chalumeau, l'étain des ornements fusionne. Il a fallut faire des étapes en protégeant avec de la pâte anti-chaleur afin de ne pas défaire les parties déjà brasées.  L'acier est bruni au Klever, un coup de laine d'acier 000 est passé sur l'ensemble.

 

Pour des détails plus fins, la découpe vinyl à la CraftRobo trouve ses limites. Une autre méthode consiste à imprimer le motif sur du papier publicitaire glacé, avec une imprimante laser. Penser à mettre le motif en miroir. Si l'on veut que le motif soit en relief ou en creux, il suffit de modifier le fichier avec la fonction "négatif". Imprimer avec l'option "optimale" pour avoir plus de toner et un noir profond.
L'impression est transférée sur le cuivre avec un fer à repasser réglé au plus chaud, en le maintenant une trentaine de secondes. Le toner d'impression adhère au cuivre. Puis on laisse tremper le tout une bonne heure dans l'eau chaude, jusqu'à ce que le papier se ramolisse. La face arrière du cuivre est masquée d'un vinyl puis trempage dans le bain chimique (voir formule au dessus)

Les bords manquent un peu de netteté... D'autres ornements pour l'embase de cheminée et le pourtour du nez.

La base de la cheminée est en tôle d'acier de 0.6mm. Un léger sablage avant de braser à l'étain les ornements, puis brunissage.


  15 Janvier 1874


Même traitement pour le nez, sablage léger, ornements brasés et brunissage.

La vis doit tourner doucement pour s'accrocher dans le nuage sans le déchirer.

 

 


Couple C1


18 Janvier 1874

Structure du couple: 42 pièces en fer puddlé provenant des forges et usines de Pompey Fould-Dupont. Les autres couples devraient être construits sur le même principe.


 Couple C2

Le couple 2 supporte le crochet de catapultage et remorquage. C'est une tôle de 0.6 pliée autour d'une CAP de 3mm puis découpée en forme. Un point de brasure argent réunit les 2 parties du pliage. Une CAP de 1.5mm coulisse dans le pliage et verrouille le crochet de remorquage. Le servo est peint à la Humbrol cuivre.

 

Les 4 couples sont réunis par un tube fait en CTP de 0.4mm dans lequel seront logés, batterie, régulateur tension, récepteur...


Les amortisseurs - les supports seront ornés de laiton.


 26 Janvier 1874


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Vue d'ensemble avec la Vis a Nuage® et la cheminée, on commence à deviner la forme de l'engin.

 

La chaudière est faite en ctp de 0.4mm sur 2 couples, ce cylindre s'insère dans le tube du fuselage et se verrouille par un quart de tour.
Pour reproduire le brasier de la chaudière:
Une photo de feu est collée dans le fond. A l'intérieur sur les côtés, il y a 2 Led orange scintillantes pour imiter les flammes, en bas une Led rouge scintillante recouverte de bois pour imiter les braises. Ces diodes se trouvent sur ebay, entre autre,  en tapant "led 5mm bougie"

 


 03 Février 1874

Couple C5 terminé, assemblage C6. Les fourreaux sont brasés à l'argent, tube laiton 10x11mm,  boites des fourreaux en CTP.

 


09 Février 1874

Transport fluvial des cadres C5 à C12 en provenance des forges et usines de Pompey Fould-Dupont. Un périble empruntant le canal des Vosges, la Saône, le Rhône, le canal du Rhône à Sète, puis le canal du Midi pour arriver au port de Béziers.


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 12 Février 1874

Livraison de la partie arrière en fer puddlé. Cette pièce supportera les axes des déflecteurs de trajectoire, montés sur des roulements à billes.

 


 15 Février 1874


Les couples sont assemblés. Le tuyau sert de chantier, il est ensuite enlevé.


Des ornements en laiton sont posés


  19 Février 1874

La roue de queue est installée, même principe de fabrication que les roues principales, mais avec seulement 6 rais.

 

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